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Naviguer, s'orienter, se repérer avec un GPS en montagne ?

Twonav en action sur un GPS

Cet article ne reflète que mon opinion et mon expérience. De plus je parle d'ici de navigation, d'orientation, de robustesse des GPS en montagne, et pas de la façon de calculer son dénivelée ou de survoler sa trace dans Google Earth.

En tant que guide et en tant qu'ancien ingénieur dans l'aéronautique, je connais un peu le petit monde des GPS et ce depuis de nombreuses années. Je sais aussi que de nombreux guides partagent certaines des idées que je livre ici...

Comme tous les composants électroniques les GPS ont beaucoup évolué ces 20 dernières années. Surtout leur environnement logiciel (l'utilisation des fonds de cartes ...) et leur intégration au sein d'ordinateurs et de smartphones a changé la façon de les utiliser.

Vous avez cédé aux charmes du dernier Iphone ou du téléphone Androïd surpuissant.

Mais pouvez vous vraiment faire une navigation avec votre téléphone en haute montagne ? sur vos skis de rando ?

OUI   mais ....

Plan:

Ne pas oublier la navigation classique à la carte et à la boussole

Les GPS "basics" à ne pas oublier non plus

Les GPS à cartes

Les Smartphones

Les logiciels

 

Ne pas oublier la navigation classique à la carte et à la boussole !

La fonction de localisation d'un GPS est incroyablement performante par rapport à tout autre système de navigation: n'importe quelle puce GPS à quelques Euros vous localise sur la terre en longitude et latitude avec, la plupart du temps, moins de 10 m d'erreur et à peine plus en altitude. Si vous ne le saviez pas, un GPS peut aussi vous donner l'heure au millième de microseconde près ... cool.

Rappelez vous que pour vous offrir ce service, le ministère de la défense Américain a mis sur la tables quelques milliards de dollars surtout pour déployer et maintenir la constellation de satellites qui fournissent les signaux GPS. Ils n'ont jamais rien fait payer à quiconque ! Alors c'est vrai ils peuvent tout faire avec ... mais en dehors des zones de conflits, force est de constater que nos copains du Pentagon nous laissent tranquille.

Malgré les extraordinaires capacités du système GPS, si une chose fait l'unanimité chez les guides, c'est que la navigation à l'ancienne (carte, porte carte, alti et boussole) reste indispensable. Le meilleur écran portable est plus lourd, plus fragile, moins grand et moins clair qu'une carte correctement déployée dans un porte carte, surtout quand on en a vraiment besoin : au troisième jour d'un raid à ski quand il fait -10°, qu'il neige et qu'on est dans le nuage !

Sans parler des problèmes de piles ou de batteries, de doigt gelé sur l'écran tactile, de flocons de neige sur la protection de l'écran qui gênent la lecture, la taille du porte carte permet de se repérer et d'anticiper la suite dès qu'un peu de vent dégage le relief. Si on est en train de suivre notre progression à l'écran, alors on risque de ne même pas voir le relief ou la pente qui se dégage (ou la corniche de neige qu'il faut éviter), et si on le voit, on ne saura pas utiliser l'info car le facteur de zoom de notre écran ne nous permet pas de repérer le sommet qui s'est dévoilé.

Bref , parfois le GPS doit rester un complément à la navigation classique. Je vous dirai  comment  je fais  plus loin.

Si il fait beau, sur le GR, c'est fou ce que le GPS du smartphone avec la super "appli carto outdoor" marche bien ...

 

Les différents types de GPS:

Les GPS "basics" à ne pas oublier non plus:

Petit GPS sympa !

Depuis les débuts des GPS grand public, il existe des récepteurs qui ne fournissent "que les chiffres" (sans carte). Ils se sont miniaturisés un peu. On en trouve en montre. Ils ont l'avantage d'avoir peu de besoin électrique. Certains tiennent très bien une journée par -10° avec une ou deux piles AAA. Attention je ne parle pas de ceux qui font tout (vitesse max, moyenne, calories dépensées et j'en passe) mais ne permettent pas de savoir où on est !

Leur robustesse physique et électrique, leur faible poids et encombrement, les rend encore très intéressant en montagne. En plus, ils ne sont pas cher, surtout sur le Bon Coin ...

Oui, mais comment se repérer avec des chiffres ?

Il faut la carte 25000ème évidement et il faut qu'elle soit carroyée: il s'agit des lignes bleu (pour l'IGN) à chaque kilomètre en EST-OUEST et en NORD-SUD. Ces kilomètres sont des valeurs correspondant à la projection UTM du pays : la France utilise des carroyages UTM WGS84 comme beaucoup de pays (USA, Italie ...). La Suisse utilise la projection CH1903 . Depuis plus de 15 ans, toutes les cartes IGN sont carroyées, depuis toujours pour les cartes Suisse, beaucoup plus récemment (et encore pas partout) pour les cartes italiennes.

Il faut aussi reporter (avant la course) au crayon la valeur des kilomètres sur la partie de la carte que l'on va plier dans le porte carte. En effet ces valeurs ne sont marquées que au bord de la carte.

Une autre solution est de sortir le bout de carte qui nous intéresse sur une feuille A4, grâce à un logiciel ou à des sites comme http://www.geoportail.fr/ (pour la France) ou https://map.geo.admin.ch (pour la Suisse) en demandant la grille ou carroyage, et de la mettre dans un intercalaire plastique.

carte carroyée autour de Briancon

Ensuite il faut régler son GPS pour sortir à l'écran les coordonnées désirées. Par exemple, chez moi à Briancon, il me donne en UTM WGS84:

  • la zone de projection 32T
  • la coordonnée Nord = 4974762 mètres : je suis donc au dessus du trait 4974km (à 762 m) et sous le trait 4975, donc en gros au 3/4 entre les deux,
  • la coordonnée Est = 312869 mètres : je suis donc à droite du trait 312km (à 869 m) et à gauche du trait 313, donc en gros au 9/10 entre les deux.

Je sais donc dans quel carré je suis et où dans ce carré avec une précision de 50 à 100m. On peut même améliorer la précision en achetant un petit carré plastique transparent et gradué sur les bords mais quand il faut le sortir sur la carte avec le vent et les gants ... bof !

Mais bon vous voyez où j'habite ; non? c'est normale l'image est pourrie, mais j'espère que vous avez compris le principe.

 

Ma méthode de navigation avec un GPS "basic":

Je m'oriente classiquement à la carte, à la boussole (à plat sur la carte) et à l'alti (alti classique ou du GPS). De temps en temps, je fais un point avec le GPS: la fréquence est très variable en fonction des conditions de visibilité, du terrain ... mais vu la précision, il faut au moins attendre 500 m de plus pour qu'un nouveau point soit intéressant. A chaque point, je vérifie que je ne dérive pas trop de la route prévue, ce qui me permet souvent de prendre mes caps à la louche (sans une belle préparation le soir au refuge) et sans trop "d'erreur volontaire" (pour ceux qui auraient oublié ce que c'est ... http://www.avalanche-net.com/sports/orientation_EV.php). Attention pour les flemmards comme moi, à continuer de bien pendre le temps de regarder la carte en détail avant la course, même si on ne calcule pas tous les caps à suivre.

Repérer sur la carte tous les éléments de reliefs à l'avance qui pourront nous permettre de nous "caler" reste la base !

C'est ma vision, faite vous votre idée : de toute façon il faudra tester votre GPS par beau et par mauvais temps sur un chemin par exemple, pour apprendre où sont les fonctions utiles parmi les 1000 proposées, et pour comprendre comment il réagit. Comment on appuie sur la touche avec les gants ...

 

Pourquoi ne pas utiliser les traces et les waypoints ?

  • il faut préparer la trace à l'ordi à l'avance ... c'est long. On a pas toujours prévu l'itinéraire de secours qu'on a envie de prendre une fois sur place. Je vous rappelle qu'il fait mauvais.
  • Pour suivre en confiance la flèche du GPS encore faut il qu'il sache comment il est orienté, et pour ça mieux vaut avoir une boussole intégrée. En effet il ne "reçoit" que sa position donc il faut avancer sur le terrain et ne pas trop bouger le GPS en "orientation" pour qu'il calcule sa direction. Boussole donc !   ben oui, sauf que c'est très gourmand en électrons ... nettement plus qu'une puce GPS : dommage.
  • Pour avoir la "tête dans le guidon" (ou dans le GPS) et sauter dans la crevasse, c'est parfait.

Ne soyons pas extrémiste, parfois avoir le waypoint du refuge ou de l'entrée du couloir rend bien service !

De plus, faire demi tour avec la fonction "tracback" marche parfaitement.

 

Les GPS à cartes "pas précises" :

petit GPS

Je parle là de beaucoup de GPS qui embarquent des cartes "constructeur" : genre la carte Garmin (ou autre) de toutes les Alpes sur quelques Mb .

Une bonne carte papier (25000ème) est super importante pour notre navigation donc il faut la même chose sur nos GPS : la conclusion est simple.

Faites une comparaison précise des détails (séracs, barres ...) de votre carte IGN et de celle proposée sur votre "micro" écran.

 

Les GPS qui embarquent les cartes 25000 ème IGN, Swisstopo ... avec un grand écran (10 cm ou plus):

Avec ces appareils en zoomant et en dé-zoomant sur l'écran, on peut vraiment naviguer en montagne.

Attention à certains points:

  • l'autonomie de la batterie: comment faire une deuxième journée dans le mauvais en raid ? comment faire quand au bout de deux ans la batterie tient péniblement une heure ? Une seule solution : avoir dès l'achat initial une batterie de rechange.
  • C'est cher et combien vont coûter les cartes à télécharger ?
  • L'écran tactile est fragile: j'ai flingué un écran d'Evadéo dans mon sac. Depuis j'ai une protection spéciale.
  • L'écran est toujours trop petit, alors les logiciels proposent souvent de placer votre position vers le bas de l'écran et d'orienter la carte vers ce qui est devant vous. C'est bien agréable, mais il se pose alors le problème de l'orientation d'un GPS comme on l'a vu précédemment: Pour cela , la plupart des appareils intègrent maintenant une boussole électronique ... à bien tester et quand c'est proposé : A CALIBRER !

 

Ma méthode de navigation avec un GPS "à carte":

Comme je l'ai dit au début de l'article, je fais une navigation à la carte papier autant que faire ce peut, et je recale avec le GPS. Parfois je n'ai pas peur pour la batterie et je suis très souvent le nez sur le GPS mais pas en permanence pour pouvoir repérer tout ce que le nuage veut bien me laisser voir.

Là encore faites vous votre idée et surtout faites des tests .

 

Les Smartphones:

Ils sont très comparables aux GPS décrits ci dessus, avec quelques différences:

  • Ils sont encore plus chers. Quand on voit certain prix d'abonnement téléphonique ! mais bon, quand on en a déjà un pour appeler sa maman...
  • On a le choix du logiciel (appli) et donc des cartes qui vont avec (il faut pouvoir avoir les vraies: IGN 25000ème ...) : attention à pouvoir garder en mémoire les cartes car la montagne est très mal couverte par le réseau et encore moins par la 4G.
  • Ils possèdent une boussole électronique qui leur permettent de s'orienter (Nord/Sud) correctement et qu'il faut CALIBRER ! :  Quand le logiciel de carto utilise bien cette info, c'est bien pratique pour positionner au mieux la carte sur l'écran. Cf problème ci dessus des GPS à carte.
  • Ils sont souvent moins robuste à l'eau. Il est donc préférable d'avoir une protection. Ceci dit de plus en plus de smartphones abordables sont étanches et assez robuste. : j'utilise un Samsung Xcover qui va pas mal.
  • Ils sont généralement très gourmand en électrons et ont en plus la fâcheuse tendance à s'arrêter dès qu'il fait trop froid : il faut tester la batterie par -20°! . Beaucoup de guides ont déjà eu des mauvaises surprises surtout avec les Iphones.
  • Une batterie supplémentaire dans le sac peut aider pour un deuxième jour de raid ...
  • Pour économiser les électrons, pas de 4G et encore mieux : le mode AVION ! => le GPS est une réception passive qui fonctionne dans ce mode ; de même la boussle électronique fonctionne. Quand le réseau est faible ou manquant , votre téléphone ne passera plus son temps et ses électrons à chercher !
  • l'écran tactile ne marche pas à la pression mais au contact électrique , donc : pas de gants ! (sauf spéciaux ...) et les goutes de pluie suffisent à cliquer à votre place ... 

Soyons clair : c'est malgré tout l'avenir car nombre d'entre nous ont déjà un Smartphone ... mais mieux vaux un étanche robuste au froid . 

De plus en plus je me contente de faire le point avec mon Smartphone et j'ai pris une appli d'extinction automatique qui marche avec le capteur de proximité (il faut aussi désactiver l'écran de verrouillage genre shéma ou code pin qu'on rentre à chaque fois) : Comme ça je le sors et le range avec les gants : pas besoin de cliquer !

Pour être plus précis : en début de rando je lance "l'extinction auto" puis mon appli de carto avec le niveau de zoom qui me va et je le met dans ma poche de veste au chaud en appuyant avec un doigt sur le capteur de proximité pour être sûr qu'il éteint l'écran. En sortant le GPS de ma poche , le capteur détecte une grande distance et alume l'écran où mon appli tourne ...
Mon appli carto est twonav que je fais TOUJOURS marcher en mode AVION et j'ai toutes les cartes embarquées au 25000 ème . J'ai aussi parfois une petite batterie externe pour une recharge .

Bon parfois quand il fait mauvais et qu'on peut rester au refuge , c'est pas plus mal !

 

Les logiciels de carto:

D'après le site de l'IGN il n'existe que quelques logiciels qui font appel à leur carte dont les plus anciens :

  • TwoNav qui tourne sur des GPS dédiés (Aventura ...).  Il existe aussi en appli sur Android, Iphone.
  • SityTrail, Iphigénie... en appli Android et Iphone.

Je connais bien Twonav sur GPS dédié et sur Smartphone et un peu Iphigénie. Il m'est donc impossible de comparer proprement les produits. Quelques faits cependant :

Il semble y avoir deux familles :

  • ceux à abonnement (on paye par année) avec cartes gratuites (ou presque) :  Iphigénie par ex pour une quinzaine d'euros par an (ça change assez vite  et pour on achette vite un module de téléchargement pour les gros utilisateurs). Les cartes IGN sont gratuites mais on paye les Swisstopo. Il y a aussi Sitytrail et Mytrails.
  • Ceux où on paye pour la vie et surtout pour les cartes ... : TwoNav par ex a une version gratuite tout à fait exploitable. On paye toutes les cartes (assez cher) mais le choix est imbattable je crois. Il y a aussi Oruxmaps, Locus et Alpine Quest qui lisent tous le format de carte de Twonav : RMAP ... à tester quand même !

Du coté de TwoNav, Oruxmap & co, on peut aussi scanner une carte perso, la calibrer (avec le logiciel CompeGPS ou autre) , et l'utiliser dans le GPS. On peut aussi avec certain logiciels gratuits (je connais Nonimapview et Mobile Atlas Creator mais ça change tout le temps) récupérer des bouts de cartes qu'utilisent google earth ou autres déjà calibrés (image sat ou de reco aérienne): Parfois Il faudra encore changer le format dans CompeGPS pour pouvoir les utiliser.

Si vous ne voulez rien acheter, les sites : http://www.skitrack.fr/  (= cartes IGN + Swisstopo + autres; + les pentes à plus de 30° !) https://map.geo.admin.ch(cartes Swisstopo), ou l'appli Géoportail (cartes IGN ) sont tops sur un smartphone ! mais il faut la 4G en permanence ...

Bonne cogitation et profitez de la montagne !